Le village préféré des Libanais : #2 Dhour Choueir, la « perle » un brin nostalgique
Date: Thursday, July 14, 2016
By: Nada MERHI
Source: L'orient le jour
Quelle que soit la direction empruntée dans le village, le visiteur ne peut être qu'envoûté par la nature verdoyante qui s'étend à perte de vue, donnant d'un côté sur le mont Sannine et surplombant de l'autre la mer, mais aussi par les anciennes maisons en pierre aux toits de tuiles rouges, caractérisées par leurs trois arcades spécifiques de l'architecture libanaise traditionnelle. Même les nouvelles bâtisses sont, dans leur majorité, imprégnées de l'âme des ancêtres. « Dhour Choueir était la perle des centres de villégiature », répètent à l'unanimité, non sans regret, les habitants de la bourgade.
Le village comptait en fait quatorze hôtels, plus de dix cafés et restaurants et trois salles de cinéma. « De ces hôtels, il ne reste plus que le nôtre, les autres ayant été soit détruits soit pillés », confie Julie Kiamé, propriétaire de l'Hôtel Central, un joyau architectural datant de 1905. « Nos clients comptaient, entre autres, des pachas d'Égypte et de Turquie », poursuit la nonagénaire au visage avenant. Le salon, dans un bâtiment attenant à l'hôtel, a été édifié en 1932. « À l'époque, il a connu un grand succès, parce qu'il était le premier édifice à être dépourvu de colonnes internes », explique fièrement Élias Kiamé, qui gère aujourd'hui l'hôtel avec sa sœur Alexa.
Dhour Choueir et Choueir, c'est également de nombreux lieux saints, notamment les couvents Saint-Jean el-Sayegh et Saint-Élie où se trouvent des manuscrits datant du XVIIe siècle, l'église Notre-Dame-des-Lamentations, vieille de près de 500 ans (elle a été bâtie en 1525), dont le clocher était l'un des plus grands de toute la Syrie. Le chêne planté devant l'église est du même âge. Une fois sur les lieux, il ne faut surtout pas manquer d'admirer le chir, c'est-à-dire la muraille en pierres qui a donné au village son nom.
Sur le plan foncier, en fait, Dhour Choueir n'existe pas, mais seulement Choueir. « Le nom du village est un diminutif de chir, c'est-à-dire la falaise », note Nisrine Ataya Bou Zeid, chargée de la communication et des activités à la municipalité de Choueir-Dhour Choueir-Aïn el-Sindiané et dont les informations sont fournies par le Centre socioculturel de Choueir. « En syriaque, choro signifie muraille. Dans le temps, le village s'appelait Merhata, c'est-à-dire courant d'air. » Plus tard, le village a pris le nom de Dahr el-Chir, puis Dhour Choueir. « Dhour est le pluriel de dahr, c'est-à-dire colline, en référence aux sept collines qui encerclent le village », explique Jamil Abi Kheir, architecte, qui ne se lasse pas de partager avec les visiteurs l'histoire de son village. Il raconte ainsi que bien qu'il soit riche en sources d'eau, Dhour Choueir n'a jamais été une région agricole. « Les Choueiriotes maîtrisaient la ferronnerie », précise-t-il. « Ils étaient réputés pour la fabrication des épées et des boucliers. Cette maîtrise leur a permis de développer également les outils nécessaires pour tailler la pierre. Un art qui les a menés un peu partout aux quatre coins du pays... Ils étaient aussi connus pour leur ouverture sociale et politique sur les autres, comme par leur niveau d'éducation. »
La localité est caractérisée par son climat tempéré et sec. « Notre climat est bon pour la santé », avance Mikhaël Sawaya, moukhtar, qui a lancé, en 2009, l'initiative d'unifier les célébrations de la fête de Pâques. «
By: Nada MERHI
Source: L'orient le jour
Dhour
Choueir, qui était, il y a plus d'un siècle, l'une des principales
destinations touristiques du Grand Liban, aux côtés de Sofar, Bhamdoun
et Aley, garde tout son charme... et un brin de nostalgie. Le temps et
la guerre civile n'ont pas réussi à altérer d'un iota la beauté de ses
paysages pittoresques, même si au fil des années, le village, à l'instar
de plusieurs localités voisines, a perdu sa place prépondérante dans le
paysage touristique du pays.
Quelle que soit la direction empruntée dans le village, le visiteur ne peut être qu'envoûté par la nature verdoyante qui s'étend à perte de vue, donnant d'un côté sur le mont Sannine et surplombant de l'autre la mer, mais aussi par les anciennes maisons en pierre aux toits de tuiles rouges, caractérisées par leurs trois arcades spécifiques de l'architecture libanaise traditionnelle. Même les nouvelles bâtisses sont, dans leur majorité, imprégnées de l'âme des ancêtres. « Dhour Choueir était la perle des centres de villégiature », répètent à l'unanimité, non sans regret, les habitants de la bourgade.
Le village comptait en fait quatorze hôtels, plus de dix cafés et restaurants et trois salles de cinéma. « De ces hôtels, il ne reste plus que le nôtre, les autres ayant été soit détruits soit pillés », confie Julie Kiamé, propriétaire de l'Hôtel Central, un joyau architectural datant de 1905. « Nos clients comptaient, entre autres, des pachas d'Égypte et de Turquie », poursuit la nonagénaire au visage avenant. Le salon, dans un bâtiment attenant à l'hôtel, a été édifié en 1932. « À l'époque, il a connu un grand succès, parce qu'il était le premier édifice à être dépourvu de colonnes internes », explique fièrement Élias Kiamé, qui gère aujourd'hui l'hôtel avec sa sœur Alexa.
Ouverture sociale et politique
Se balader à Dhour Choueir et à Choueir, le village en contrebas du centre de villégiature, c'est emprunter leurs innombrables escaliers et se laisser perdre dans les ruelles des deux localités. C'est se désaltérer à leurs nombreuses fontaines, visiter le sadd, c'est-à-dire, le barrage, l'un des plus vieux du pays, remontant à 1920, et manger dans le restaurant qui porte le même nom, après avoir pêché soi-même ses truites. C'est aussi prendre son petit déjeuner chez Sarfad, réputé pour ses œufs au plat, dans un cadre des plus époustouflants, et aller à la découverte du vieux souk de Choueir et de ses allées pavées en pierres où toute l'activité commerciale se déroulait. De ce souk, jadis s'étalant sur des centaines de mètres, il ne reste plus que les vestiges d'anciennes échoppes.
Se balader à Dhour Choueir et à Choueir, le village en contrebas du centre de villégiature, c'est emprunter leurs innombrables escaliers et se laisser perdre dans les ruelles des deux localités. C'est se désaltérer à leurs nombreuses fontaines, visiter le sadd, c'est-à-dire, le barrage, l'un des plus vieux du pays, remontant à 1920, et manger dans le restaurant qui porte le même nom, après avoir pêché soi-même ses truites. C'est aussi prendre son petit déjeuner chez Sarfad, réputé pour ses œufs au plat, dans un cadre des plus époustouflants, et aller à la découverte du vieux souk de Choueir et de ses allées pavées en pierres où toute l'activité commerciale se déroulait. De ce souk, jadis s'étalant sur des centaines de mètres, il ne reste plus que les vestiges d'anciennes échoppes.
Dhour Choueir et Choueir, c'est également de nombreux lieux saints, notamment les couvents Saint-Jean el-Sayegh et Saint-Élie où se trouvent des manuscrits datant du XVIIe siècle, l'église Notre-Dame-des-Lamentations, vieille de près de 500 ans (elle a été bâtie en 1525), dont le clocher était l'un des plus grands de toute la Syrie. Le chêne planté devant l'église est du même âge. Une fois sur les lieux, il ne faut surtout pas manquer d'admirer le chir, c'est-à-dire la muraille en pierres qui a donné au village son nom.
Sur le plan foncier, en fait, Dhour Choueir n'existe pas, mais seulement Choueir. « Le nom du village est un diminutif de chir, c'est-à-dire la falaise », note Nisrine Ataya Bou Zeid, chargée de la communication et des activités à la municipalité de Choueir-Dhour Choueir-Aïn el-Sindiané et dont les informations sont fournies par le Centre socioculturel de Choueir. « En syriaque, choro signifie muraille. Dans le temps, le village s'appelait Merhata, c'est-à-dire courant d'air. » Plus tard, le village a pris le nom de Dahr el-Chir, puis Dhour Choueir. « Dhour est le pluriel de dahr, c'est-à-dire colline, en référence aux sept collines qui encerclent le village », explique Jamil Abi Kheir, architecte, qui ne se lasse pas de partager avec les visiteurs l'histoire de son village. Il raconte ainsi que bien qu'il soit riche en sources d'eau, Dhour Choueir n'a jamais été une région agricole. « Les Choueiriotes maîtrisaient la ferronnerie », précise-t-il. « Ils étaient réputés pour la fabrication des épées et des boucliers. Cette maîtrise leur a permis de développer également les outils nécessaires pour tailler la pierre. Un art qui les a menés un peu partout aux quatre coins du pays... Ils étaient aussi connus pour leur ouverture sociale et politique sur les autres, comme par leur niveau d'éducation. »
« Double oxygène »
La promenade reste incomplète sans un détour du côté de l'hôtel Kassouf, l'un des plus importants hôtels du pays d'avant la guerre de 1975-1990, qui avait accueilli des rois, des princes et de grands artistes arabes comme Oum Kalsoum, Mohammad Abdel Wahab, al-Akhtal as-Saghir... et tant d'autres. Dans cet hôtel se déroulent les élections de Miss Émigrés qui clôturent le festival du même nom. Il y a six ans, le conseil municipal du village a voulu faire revivre ce festival. Le rendez-vous, devenu annuel, est organisé dans la cour centrale de l'hôtel tombé en ruines, histoire de lui restituer sa gloire d'antan.
La promenade reste incomplète sans un détour du côté de l'hôtel Kassouf, l'un des plus importants hôtels du pays d'avant la guerre de 1975-1990, qui avait accueilli des rois, des princes et de grands artistes arabes comme Oum Kalsoum, Mohammad Abdel Wahab, al-Akhtal as-Saghir... et tant d'autres. Dans cet hôtel se déroulent les élections de Miss Émigrés qui clôturent le festival du même nom. Il y a six ans, le conseil municipal du village a voulu faire revivre ce festival. Le rendez-vous, devenu annuel, est organisé dans la cour centrale de l'hôtel tombé en ruines, histoire de lui restituer sa gloire d'antan.
La localité est caractérisée par son climat tempéré et sec. « Notre climat est bon pour la santé », avance Mikhaël Sawaya, moukhtar, qui a lancé, en 2009, l'initiative d'unifier les célébrations de la fête de Pâques. «
Dans
l'air, il y a de l'oxygène, mais à Dhour Choueir, il y a un double
oxygène que dégagent les pins dont regorge le village », affirme-t-il.
Une phrase que le touriste entendra à maintes reprises, les pinèdes
constituant l'une des fiertés des Choueiriotes. Les espaces verts dont
est dotée la bourgade ont poussé le conseil municipal, dès 2010, à
aménager, avec la coopération de l'armée, des sentiers pour les amoureux
des randonnées et des balades à vélo. Sur le flanc de la montagne, la
construction est formellement interdite, ce qui préserve le village de
l'urbanisation sauvage.
De
nombreuses maisons du village sont aujourd'hui désertées. Comme la
maison Kiamé. La légende veut que la propriétaire de cette résidence,
Adèle Kiamé, l'une des rescapées du Titanic, a refusé de fuir le bateau
sans avoir emporté avec elle la mouné apportée de Dhour Choueir.
Il y a près d'une décennie, de nouveaux hôtels et restaurants ont vu le jour à Dhour Choueir. Les habitants et le conseil municipal du village sont déterminés à redonner à la localité sa gloire d'antan.
Il y a près d'une décennie, de nouveaux hôtels et restaurants ont vu le jour à Dhour Choueir. Les habitants et le conseil municipal du village sont déterminés à redonner à la localité sa gloire d'antan.
Comment y accéder
–
Venant de Beyrouth, prendre l'autoroute rapide du Metn. À la fin de
Baabdat, emprunter la route menant à Mar Moussa el-Douar, puis Dhour
Choueir.
– Venant du Kesrouan, prendre, à partir d'Antélias, la route menant vers Bickfaya, puis Dhour Choueir.
– Le village est à 32 km de Beyrouth.
– Venant du Kesrouan, prendre, à partir d'Antélias, la route menant vers Bickfaya, puis Dhour Choueir.
– Le village est à 32 km de Beyrouth.
À ne pas rater
– Le vieux souk de Choueir.
– Les églises, principalement les églises Notre-Dame à Choueir et Dhour Choueir, l'église des saints Pierre et Paul, Mar Abda, l'église Saint-Georges, l'église grecque-orthodoxe du Saint-Sauveur, l'église grecque-catholique du Saint-Sauveur, les églises Mar Takla et Sainte-Thérèse à Aïn el-Sindiané.
– Les couvents Mar Élias Chouaya des grecs-orthodoxes et Mar Youhanna el-Sabek (Saint-Jean Baptiste) des grecs-catholiques.
– Les fontaines d'eau potable.
– Le Hall of Fame au siège de la municipalité, où sont exposés des aperçus sur les principales personnalités issues du village, des photos anciennes de la bourgade et de familles du village, des livres...
– Les vestiges de l'hôtel Kassouf.
– Aller se promener dans les pinèdes ou y faire du vélo.
– Les adeptes de la pensée d'Antoun Saadé (fondateur du Parti social nationaliste syrien) peuvent visiter sa maison, transformée en un centre de conférences, la cabane où il s'isolait du monde et dans le périmètre duquel un mur a été construit à son effigie en 2004, et sur lequel sont gravées certaines de ses citations...
– Le barrage, qui contient jusqu'à 45 000 mètres cubes d'eau.
– Les églises, principalement les églises Notre-Dame à Choueir et Dhour Choueir, l'église des saints Pierre et Paul, Mar Abda, l'église Saint-Georges, l'église grecque-orthodoxe du Saint-Sauveur, l'église grecque-catholique du Saint-Sauveur, les églises Mar Takla et Sainte-Thérèse à Aïn el-Sindiané.
– Les couvents Mar Élias Chouaya des grecs-orthodoxes et Mar Youhanna el-Sabek (Saint-Jean Baptiste) des grecs-catholiques.
– Les fontaines d'eau potable.
– Le Hall of Fame au siège de la municipalité, où sont exposés des aperçus sur les principales personnalités issues du village, des photos anciennes de la bourgade et de familles du village, des livres...
– Les vestiges de l'hôtel Kassouf.
– Aller se promener dans les pinèdes ou y faire du vélo.
– Les adeptes de la pensée d'Antoun Saadé (fondateur du Parti social nationaliste syrien) peuvent visiter sa maison, transformée en un centre de conférences, la cabane où il s'isolait du monde et dans le périmètre duquel un mur a été construit à son effigie en 2004, et sur lequel sont gravées certaines de ses citations...
– Le barrage, qui contient jusqu'à 45 000 mètres cubes d'eau.
Fiche technique
– Superficie : près de 16 km2.
– Altitude : Le village commence à 1 150 mètres d'altitude et culmine à 1 250 mètres.
– Nombre d'habitants : 14 000 entre résidents permanents et émigrés.
– Président du conseil municipal : Élias Adib Sawaya
– Hôtels et restaurants : Hôtel Central, Hotel Dhour Choueir (One to One), Twin Towers Hotel. Le village compte plusieurs cafés et restaurants. L'Hôtel Central propose les dimanches des buffets, avec au menu des plats libanais concoctés comme chez soi.
– Climat : très froid en hiver, tempéré et sec en été.
– Altitude : Le village commence à 1 150 mètres d'altitude et culmine à 1 250 mètres.
– Nombre d'habitants : 14 000 entre résidents permanents et émigrés.
– Président du conseil municipal : Élias Adib Sawaya
– Hôtels et restaurants : Hôtel Central, Hotel Dhour Choueir (One to One), Twin Towers Hotel. Le village compte plusieurs cafés et restaurants. L'Hôtel Central propose les dimanches des buffets, avec au menu des plats libanais concoctés comme chez soi.
– Climat : très froid en hiver, tempéré et sec en été.
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